23 juin 2005 4 23 /06 /juin /2005 23:00

 

Que représente pour vous Radio-Courtoisie?

 

Olivier Pichon

professeur d'histoire

(Le Libre Journal d'Olivier Pichon». Périodicité variable, le jeudi à 18 h 00.)

Quand, dans le métier de professeur, approchant la quarantaine, il n'est plus grand chose à prouver devant un auditoire de classe préparatoire aux grandes écoles, quand vous appartenez à cette grande machine qui prétend éduquer et qui enseigne moins encore, quand l'existence d'un ministre de la culture est une offense permanente à cette même éducation qui se prétend nationale, s'il vous arrive, comme cela m'est arrivé, il y a dix ans, de monter dans la nef de RADIO COURTOISIE, d'abord avec les « Lycéens » du samedi puis avec le «Libre Journal» du jeudi, alors c'est, curieusement, le patron d'émission qui retourne à l'école d'un auditoire exigeant, cultivé et généreux. Merci donc aux auditeurs de rallumer la flamme.

Quand guette la routine, diriger un libre journal, c'est assumer l'impérieux devoir de se renouveler tout en conservant, peut-être, ce qu'il y a de meilleur dans le premier métier, la passion de faire connaître, sans laquelle il n'est pas de bons maîtres.

Mais si le professeur et l'élu politique que je suis a toujours eu pour fonction de parler, un patron d'émission sur RADIO COURTOISIE est, au contraire, celui qui fait parler, celui qui doit s'effacer pour mieux faire s'exprimer les talents, les convictions, les expériences. Au fond, parodiant Valéry, sur la politique comme art d'empêcher les citoyens de s'occuper de ce qui les regarde, je serais tenté de dire qu'à RADIO COURTOISIE, c'est le contraire qui se produit.

Tirer le meilleur de l'esprit et du coeur des invités, rechercher une certaine harmonie avec les auditeurs, donner le micro à ceux qui ne l'ont pas toujours, il y a quelque chose d'une maïeutique que n'eût pas reniée Socrate.

C'est, je crois, ce que nous partageons tous à RADIO COURTOISIE. Autant et plus qu'une famille, l'ensemble des patrons d'émission forme une école, comme on dit l'école d'Athènes... et ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise.

Le studio de RADIO COURTOISIE est, un peu, le portique d'Athènes dédié à Apollon .Lyceios où l'on se « promènerait » pour converser studieusement mais toujours agréablement.

A l'instar de l'Apollon éponyme, RADIO-COURTOISIE est désormais une institution, on dit « sur courtoisie », « j'écoute courtoisie ». Sans doute, à l'avenir, le mot désignera-t-il une forme de « communication » comme jadis il y eut un amour « courtois ». C'est un pari insensé qui en est à l'origine, voulu et gagné par Jean Ferré: faire des qui durent trois heures en ce siècle d'impatience et d'immédiateté!

A-t-on songé aussi à ce que contient d'utopie le projet de la Radio puisque chacun y vient un peu comme à Thélème, ou dans quelque phalanstère qui aurait réussi parce que tempéré par le goût partagé des choses de l'esprit. '

Là, point de pyramide hiérarchique, point d'armée en ordre de bataille ou alors c'est une armée mexicaine, nous y sommes tous colonels! A RADIO COURTOISIE, l'élu du Mouvement National que je suis est libre, libre comme il devrait l'être sur n'importe quel média, point d'audimat, de publicité, de prime time (pardon professeur Lacant!), point de censure, point de politiquement correct: une seule raison à tout cela, le temps n'y est pas de l'argent.

En ce siècle d'anticulture, RADIO COURTOISIE est un espace de culture, entendez celle qui a deux millénaires et qui, depuis quelques décennies, subit le choc de sa négation.

Tandis, en effet, que la double tradition gréco-latine et judéo-chrétienne est bannie des médias et que l'université peine à la transmettre, RADIO-COURTOISIE s'emploie avec la langue française à leur défense et leur illustration.

L'Histoire ne retient que ce qui s'inscrit dans la durée, je suis convaincu que l'historien de l'avenir retiendra de cette fin de siècle que RADIO-COURTOISIE fut le grain de sable (le scrupulum) dans la botte médiatique.

Telle une nef ballottée par les flots, RADIO COURTOISIE, moins rutilante que les galères amirales, mais conduite par des hommes libres, ne parle-t-on pas justement de chaînes de radio ou de télévision, aura constitué la mémoire de son époque dans un effort incessant qu'un petit nombre d'hommes, à chaque siècle, accomplit, pour éviter la défaite de la pensée.

O. P.

 

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