Que représente pour vous Radio-Courtoisie?
François-Georges Dreyfus
professeur à la Sorbonne
(« Le Libre Journal de Lumière-101». Périodicité variable, le dimanche à midi.)
DES ECLAIREURS UNIONISTES D'AUTEUILS AU BOULEVARD MURAT
Certains s'étonneront de ce titre! D'autres, plus nombreux encore, comprendront mieux ainsi mon itinéraire - Éclaireur unioniste, cela veut dire qu'il y a plus de cinquante ans j'ai promis de « servir Dieu et la Patrie» et d'« obéir à la loi de l'Eclaireur»-. Cela impliquait loyauté, courtoisie, discipline, courage, ténacité, pureté.
Avouerai-je simplement que c'est ce que j'essaye de faire le dimanche à LUMIÈRE-101 en animant le « Libre Journal » que Jean Ferré et Jean-Luc m'ont confié. C'est une émission lourde, difficile mais exaltante, où, depuis plus de cinq ans, je tâche de faire venir à l'antenne des hommes ou des femmes libres qui ont dit ou écrit sur des questions intéressantes et parfois délicates.
Ce qu'il y a d'extraordinaire dans cette expérience que je vis plusieurs fois par an à LUMIÈRE-101, c'est d'abord la très grande liberté dont je jouis: cela me permet d'inviter des intellectuels « de gauche » comme de droite, des officiers, des hauts fonctionnaires, des prêtres, des politiques et naturellement quelquefois aussi des universitaires. Et ce qu'il y a d'extraordinaire c'est que presque toujours (à ce jour, il n'y a aucune exception), ceux que j'invite, même lorsqu'ils appartiennent officiellement au PC et au PS, acceptent sans aucune difficulté.
Cette expérience c'est aussi la possibilité d'envisager en profondeur des problèmes aussi différents que l'évolution du Moyen Âge, la pensée de Machiavel, le Grand siècle ou plus près de nous la Grande Guerre, les conflits algériens ou indochinois, l'évolution du Japon, la Résistance, la Constitution de 1958, l'Europe ou la Mondialisation. Et tout cela avec des personnalités aussi diverses que la regrettée Annie Kriegel, Serge Berstein, l'équipe d'André Vauchez, Edgar Pisani ou Pierre Messmer, le P. Olivier ou le théologien protestant Jean Baubérot.
En effet, à la différence de la plupart des autres radios, une émission d'une heure et demie permet une véritable réflexion, facilite l'approche d'aspects très divers. Il est vrai que cela est soutenu par les questions des auditeurs. Ce sont eux aussi qui font l'intérêt de l'émission. Leurs questions obligent à approfondir ou à élargir le débat: ces questions rendent l'émission vivante et je pense lorsqu'il y a peu de questions en cours de séance c'est que je n'ai pas suffisamment travaillé pour qu'elle soit réellement intéressante. C'est vrai aussi que certaines d'entre elles sont agaçantes et sortent parfois du sujet mais c'est l'exception. Ajoutons que quelques unes sont pleines d'humour et font sourire, parfois même rire franchement le studio surtout quand l'animateur a dit une bêtise, cela arrive aussi quelques fois.
D'aucuns ne cessent de présenter RADIO-COURTOISIE ou LUMIÈRE-101 comme une radio catholique traditionaliste, proche même, disent certains, de l'extrême droite. Et quelques-uns reprochent au gaulliste et luthérien que je suis d'y participer. Cette intolérance m'exaspère. Je suis de ceux pour qui la liberté implique une totale liberté d'expression. Ma présence, comme celle de Pierre Chaunu ou Jacques Garello par exemple - et ce ne sont que des exemples -, souligne la largeur d'esprit de RADIOCOURTOISIE dont les animateurs sont certes de droite mais d'une droite plurielle qui va de « Force démocrate » au FN en passant par les Libéraux et le « Rassemblement ». Ceux qui diabolisent le Front National oublient que celui-ci s'est engouffré dans une zone idéologique et politique que gauche et droite dans le même esprit social démocrate et internationaliste avaient libéré: ce sont eux qui ont « cassé les ressorts de la morale, déprécié la notion de travail, précipité le naufrage de la famille, dévalorisé le concept de Patrie ». Ce texte est d'autant plus intéressant qu'il émane de J.F. Kahn, le directeur de l'Evénement du Jeudi (10.12.1992). Il est vrai que ces valeurs que l'on redécouvre aujourd'hui, RADIO-COURTOISIE et LUMIÈRE-l0l les ont toujours, à juste titre, résolument défendues. Mais d'aucuns, parmi nos détracteurs, ont oublié que les valeurs républicaines constituent la base d'une forme d'ordre moral. Il suffirait de relire la circulaire de Jules Ferry aux instituteurs du 27 juillet 1882 pour s'en convaincre. C'est cet ordre moral et républicain que je défends - et défendrai à RADIO-COURTOISIE.
François-Georges Dreyfus