[article rédigé par Aristote, merci à lui !]
présenté par Pascal Payen-Appenzeller
évocation de Vladimir Vokoff
Georges Clément, poète
poème de Georges Clément :
A Vladimir Volkoff, mort le 14 septembre 2005
« Paris, sans la moindre cigale,
Et sans cyprès, sans oliviers,
Paris, univers sans égal,
Brûle encore du feu de l’été.
Il cesse de vivre, soudain.
Un mot de Dieu aura suffi
Pour rappeler Son écrivain.
Le Père souffle la bougie,
Impatient de l’avoir à lui.
C’est au coeur de l’azur
Que le malheur est pur.
La Seine somnole au soleil.
Un coin de bleu, entre les tours,
Simule, en la saison des treilles,
Un pur juillet qui fait l’amour.
Il a pu dire « à demain »,
Boire du vin, écrire un peu,
Sans se soucier du destin.
Grand silence... Le chien grogne, heureux.
Les fusils luisent, silencieux.
C’est au coeur de l’épure
Que le malheur est sûr.
La grande bâtisse soupire,
La rivière gargouille, la nuit
Dépasse le cap où expire,
En douze coups, le jour qui fuit.
Il s’éteint. L’heure a trépassé.
Il ne sut point l’après,
L’esprit si plein du raffut des projets
Que la mort en chaussons l’a pris
Sans qu’il ait cru perdre la vie.
C’est au creux de l’azur
Que le malheur est dur. »
Vladimir Volkoff (1932-2005)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Volkoff
récapitulatif des hommages à Vladimir Volkoff
http://www.grece-fr.net/agora/index.php?showtopic=730
extraits de "Olduvaï" :
« J’aime votre drame passionnément, mon frère. J’aime la lumière tremblante de vos bougies, les alternances troublantes de votre voix, les robes contradictoires de vos actrices, vos rimes
qui se répandent et deviennent prose quand la membrure des premiers actes craque comme craque une cosse bourrée de petits pois verts. J’aime le vieux thème cueilli dans le vieux livre et repiqué
dans ce jardin nouveau. J’aime l’amusette savante des anagrammes, j’aime la répartition sagace des mains, la droite à droite et la sinistre à gauche. J’aime votre immense visage ex machina,
rompant soudain les proportions reçues et refaisant Guignol les marionnettes. Et j’aime surtout, mon frère, que le serpent qui apparaît (...) soit votre index pointu et ondulant comme Lucifer qui
est l’index de Dieu. »
« C’est là, Rachel, l’exacte image du monde, et vous voyez vous-même comme il est beau, un entrelacs de sombres lueurs tacites et d’ombres intérieurement luisantes en marche. Tout est
brouillé en harmonies virtuelles, tout se déplace comme un problème confus, comme une machine complexe aux roues dentées, roulant sûrement les nuages et les étoiles vers l’équation suprême du
clair de lune. Le jour, défait comme un vêtement usé, est repoussé d’un geste royal. La nuit, dans sa virginité radieuse, triomphe. Demain, gardée par les dents longues des heures, elle s’en ira,
noirâtre, au fil du temps. Un nouveau jour intact viendra vêtir l’épaule sereine, à jamais jeune, du Monde. »
extraits des "Maîtres du temps" :
« J’ai planté ma maison comme un pieu dans la nuit et j’y ai attaché le temps. Et depuis ce temps-là le temps tourne et hennit et tiraille sur sa longe qu’il mord. A quoi bon
le fixer par le frein et le mors si ses reins restent libres et ruent. Il faudrait en même temps le tenir par la queue, comme deux points épinglant une droite. »
« Je dessine un triangle et je fonde Pythagore et Euclide, un autre triangle ou le même et ils sont récusés. Je dessine un triangle et mesure la distance du soleil. Je dessine un triangle et
fait sourdre la Grande Pyramide. J’en dessine quelques uns et je triangule toute la terre. J’en dessine encore plus et je triangule Dieu. »
furent évoqués :
Vladimir Volkoff : "Les humeurs de la mer" (quatre volumes)
"Olduvaï"
"La leçon d’anatomie"
"Intersection"
"Les Maîtres du temps"