[article rédigé par Antonio, merci à lui !]
L’Histoire de l’Indochine falsifiée
Pierre Quatrepoint, colonel, écrivain
Louis Constans, professeur émérite des universités, avocat, écrivain
Pierre Quatrepoint : "L’Aveuglement, De Gaulle face à l’Indochine"
ISBN : 2-913960-20-0
Éditions Rémi Perrin
46, rue Sainte-Anne
75002 Paris
L’ouvrage a pour objet de mettre en avant la responsabilité du général De Gaulle dans le déclenchement de la guerre d’Indochine.
Alors que les Japonais sont en Indochine depuis juin 1940, le drapeau français continuera à y flotter jusqu’à la fin de la guerre, grâce à l’amiral Jean Decoux, nommé gouverneur général de
l’Indochine par le gouvernement de Vichy. L’Indochine n’est pas le vaisseau désemparé décrit par de Gaulle, l’amiral tient la barre fermement, de 1940 à 1945, sans chercher à déranger les nippons
qui recommandent notamment de ne pas faire transiter de matériel américain à Haïphong. Mais, en 1944, les fidèles de De Gaulle incitent à la résistance. Des parachutages ont lieu à Lang Son, ce
qui agace les Japs qui soupçonnent les Français de ne pas jouer le jeu. Janvier 1945, une flotte japonaise vient mouiller en face du cap Saint-Jacques et se fait bombarder par une escadre
américaine. Par mesure de représailles, le 9 mars, les Japonais anéantissent la petite force militaire française. Pourtant, suite à l’interception et au décryptage des messages japonais lors des
jours précédant ce funeste 9 mars, De Gaulle avait été mis au courant de ce qui se tramait, mais il avait laissé faire : « La France qui a perdu dans la résistance cent mille des siens n’aurait
pas toléré que l’Indochine fut libérée sans le sacrifice de dix mille des siens... Il était essentiel que le conflit mondial ne s’achevât pas sans que nous fussions là aussi devenus des
belligérants...Le sang versé sur le sol de l’Indochine nous serait un titre important... » (Mémoires). Cela, deux mois avant la capitulation japonaise, alors que l’administration française tenait
le pays bien en main. De Gaulle a déclenché des faits de résistance qui ne lui seront d’aucun titre, alors qu’en contrepartie, l’armée et l’administration se feront décapiter, au sens propre
comme au sens figuré.
1945 : De Gaulle veut envoyer Leclerc en Indochine. Surviennent les accords de Postdam qui interdisent aux Français de s’y rendre. Leclerc est bloqué par Mountbatten. Le 2 octobre 1945, Il
parvient quand même à Saïgon.
Reddition du Japon : Le chef d’état-major japonais rend les armes et va voir l’amiral Decoux dans sa prison pour échanger les rôles, mais l’administration française gaulliste refuse. Les
Annamites ne comprennent pas et nous perdons la face à leurs yeux. Paradoxalement, sur décision de Jean Cédile, Compagnon de la Libération, Commissaire de la République, les troupes françaises
restent donc prisonnières des Japonais pourtant vaincus.
Et pourtant les Annamites nous acceptaient, simplement ils ne voulaient pas être des étrangers dans leur propre pays. Faute politique du Général De Gaulle qui n’a pas écouté ceux qui savaient :
notamment Paul Mus, Pierre Messmer, lequel avait préconisé de lâcher le Tonkin en tant que colonie.
15 août 1945, De Gaulle nomme le vice-amiral Thierry d’Argenlieu Haut-commissaire de France et commandant en chef pour l’Indochine. Le commandant des troupes sera Leclerc, qui a tout fait pendant
la guerre, tout réussi entre juillet 40 et juillet 45 et qui se retrouve maintenant sous les ordres de quelqu’un qui n’a rien fait, sinon tout raté (Douala, Dakar, le Pacifique...) Quand Leclerc
demande une délégation de pouvoir, alors qu’il est seul et attend l’arrivée du vice-amiral, il aura droit de la part de ce denier à une fin de non recevoir. Il refusera du reste de remplacer
d’Argenlieu, quand celui-ci sera de retour en France, une fois mise en route la machine infernale.
On en est arrivé à une situation de guerre, suite à la volonté de De Gaulle de remettre de l’ordre, rétablir « la souveraineté française » (termes du Général lors de son inspection du 15 août
1945). Cette souveraineté n’aurait pas eu à être rétablie si on avait laissé l’amiral Decoux gérer les affaires indochinoises, jusqu’à la capitulation du Japon. En tout état de cause, le 6 mars
1946, Leclerc arrive à faire conclure l’accord de reconnaissance du gouvernement vietnamien avec Hô Chi Minh, mais à son tour, D’Argenlieu fait capoter cet accord (juillet 46), alors qu’entre
temps De Gaulle s’est retiré (janvier 46). Le Général est à l’origine d’une situation qui désormais prend une dimension nettement politique, avec le coup de force d’Haïphong (19 décembre 1946) et
la prise de maquis par le Viêt-Minh. Pour sa part De Gaulle n’a jamais voulu entendre parler d’indépendance, contrairement à Leclerc. A Colombey, en janvier 47, les deux hommes « s’engueulent
copieusement » (termes de Leclerc) : De Gaulle à Leclerc « Vous voulez perdre l’Indochine ? », ce dernier répliquant « Si vous gardez d’Argenlieu on perdra l’Indochine ». Le gouvernement pour sa
part a refusé les pleins pouvoirs à Leclerc qui déclare forfait en février 1947. Le processus enclenché le 9 mars 1945 ne s’arrêtera plus, jusqu’à sa conclusion à Dien Bien Phu.
A propos de Hô Chi Minh : tandis que d’Argenlieu essaie de l’impressionner avec une parade navale en baie d’Along, celui-ci confie à Leclerc : ne laissons pas les soldats français et vietnamiens
se battre alors qu’ils sont appelés à être frères, nous ne voulons plus vivre dans votre administration mais nous souhaitons continuer à vivre dans votre culture, nous avons besoin de vos
ingénieurs, de vos professeurs, mais laissez-nous nous gouverner tout seuls. La France, contrairement à l’Union soviétique, a fait peu de cas de ses revendications. C’est la prolongation de la
guerre qui a finalement assuré l’emprise du communisme sur le Viêt-Minh.
Louis Constans : "Le fuyard de Lang Son"
« Le colonel Constans, un lampiste à cinq ficelles, mais un lampiste tout de même »
(Le journal Samedi-soir)
Début 1950. Les Viêt-Minhs se musclent considérablement, soutenus par la Chine de Mao qui a basculé dans le communisme et leur offre des bases de repli et une aide massive. La situation au Tonkin devient plus que préoccupante, tout au long de la frontière chinoise, notamment en ce qui concerne la RC 4 (Route coloniale 4, ou « route de la mort ») longeant la frontière, dans une région très escarpée, propice aux embuscades et conduisant de Cao Bang, à Lang Son (environ 120 km).
L’année précédente, le rapport du général Revers, envoyé en mission en Indochine par le gouvernement français, a entériné le plan du général Blaizot, prévoyant le
retrait du secteur de Cao Bang, au bénéfice du renforcement du dispositif du delta du fleuve Rouge. En 1949, il était prévisible que Cao Bang ne resterait pas longtemps tenable mais il n’y avait
alors aucun problème à réaliser une telle opération de retrait. Sur décision du général Carpentier, commandant en chef, le retrait fut effectif, mais à l’exception du piège à rats que
représentait Cao Bang elle-même et du poste de Dong-Khê (volonté de défendre l’Indochine contre toute attaque extérieure). Entre temps, le rapport arriva dans les mains d’un agent du Viêt-Minh, à
Paris...
Cao Bang et Dong-Khê
Le 25 mai 1950, les Viêts attaquent avec succès Dong-Khê, qui est repris le lendemain par les commandos paras. Le 16 septembre, le général Carpentier décide
finalement l’évacuation de Cao Bang et choisit comme itinéraire la RC 4, vers Lang Son, plutôt que la RC 3, vers Thaï-Nguyen et Hanoï. Le surlendemain, les Viêts reprennent le poste de Dong-Khê
et Cao Bang n’est désormais plus accessible par la RC 4. L’ordre d’évacuation de Cao Bang par cette route est cependant maintenu coûte que coûte par Carpentier alors que la région de Dong-Khê est
infestée de Viêts et le 3 octobre, contre son gré, le lieutenant-colonel Charton donne le signal du départ. L’avant-veille, le lieutenant-colonel Lepage, parti de That-Khê plus au sud, est arrivé
devant Dong-Khê, mais pour se prendre sur le dos une trentaine de bataillons ennemis et il a dû se dégager dans la montagne, traqué. Le 7 octobre, les colonnes Charton et Lepage ont échoué dans
leur tentative de jonction et après des combats aussi hallucinants que meurtriers, elles ont cessé d’exister. La tragédie de l’évacuation de Cao Bang a eu lieu : face à 25 000 à 30 000 Viêts
(pertes non chiffrées), sur 6 500 hommes engagés, 5 000 d’entre eux sont morts (dont les chefs de bataillon Segrétain et Forget) ou faits prisonniers (dont Charton trois fois blessé et Lepage,
libérés 4 ans plus tard).
La décision du 16 septembre du général Carpentier, de l’abandon de Cao Bang en passant par la RC 4, provoqua la colère du lieutenant-colonel Charton, prévenu au dernier moment par le général
Alessandri, commandant la zone opérationnelle du Tonkin, lui-même opposé à cette décision. Louis Constans démonte une vraie manipulation de l’Histoire et montre comment son père, le colonel
Constans a servi de fusible pour le Haut commandement, après la tragédie, et fut accusé de tout ce qui s’en suivit. Responsable de toute la zone Est, de Cao Bang jusqu’à la mer de Chine, il
alerta le même Haut commandement de la possibilité de gros coups comme sur Dong-Khê. Quand en mai 1950 Dong-Khê fut repris au Viêts, il demanda que Cao Bang fût alors évacuée, ce qui était encore
possible sans problème : refusé. Fin septembre, alors que Dong-Khê avait été repris à leur tour par les Viêts, il fut chargé de l’opération d’évacuation de Cao Bang, puis fut accablé de tous les
péchés une fois l’irréparable accompli : non pas de l’échec - au moins dans un premier temps -, mais de ce qui s’ensuivit. Du bar de l’hôtel Caravelle à Saïgon, loin du théâtre des opérations,
les journalistes « correspondants de guerre » prirent le relais pour lui faire porter le chapeau, il fut le « lampiste à cinq ficelles ». On lui reprocha d’avoir fui, abandonné Lang Son alors
qu’il ne voulait pas que soit renouvelée la tragédie de Cao Bang et voulait dégager des troupes en situation difficile, pour les récupérer intactes. Les médias lui reprochèrent d’avoir laissé sur
place des armes et des munitions suffisantes pour approvisionner deux divisions viêt-minh pendant plusieurs mois : faux ! Louis Constans montre que c’est un bobard. Par ailleurs, quand le général
de Lattre regroupa ses forces autour du coeur vif du Tonkin, il put en fait récupérer cinq bataillons et une artillerie précieuse préservés par le colonel Constans et qui auraient fait défaut si
celui-ci les avaient engagés dans un baroud d’honneur aussi stupide qu’inutile. Dans un second temps, à l’occasion du cinquantenaire des événements, ce fut le bouquet : les médias mirent
carrément Cao Bang sur le dos du colonel Constans.
Avocat, Louis Constans défend l’honneur de son père en évitant d’attaquer les personnes, pour ne pas faire à autrui ce que l’on lui a fait et pour que l’attention du lecteur ne soit pas détournée des faits.
On relira avec profit le N° 12 le la Nouvelle Revue d’Histoire (mai-juin 2004)
Et aussi le livre qui a commencé à mettre le doigt sur la victimisation du colonel Constans :
Georges Longeret, Jacques Laurent, Cyril Bondroit : "Les Combats de la RC 4 : Face au Vietminh et à la Chine"
Ouvrage en hommage aux légionnaires qui ont vécu l’enfer des 6 et 7 octobre 1950 :
Pierre Sergent : "Je ne regrette rien. La poignante histoire des légionnaires parachutistes du 1er R.E.P"
A consulter :
http://www.net4war.com/e-revue/dossiers/indochine/RC4/rc4-01.htm
http://www.saint-cyr.org/cyr-2100.php?ArtID=90
http://home.tele2.fr/indochine/rc4.htm
http://www.farac.org/php/article.php3?id_article=166
De la polémique :
http://infos.legionetrangere.fr/article.php3?id_article=45
http://www.marianne-en-ligne.fr/archives/e-docs/00/00/2B/6F/document_article_marianne.phtml
Furent évoqués :
Charles De Gaulle (1890-1970)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Gaulle
Amiral Jean Decoux (1884-1963), Gouverneur général de l'Indochine de 1940 à 1945, qui sut louvoyer avec l'occupant japonais
Amiral Thierry D'Argenlieu (1889-1964)
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/967.html
Par Pierre Quatrepoint :
http://www.guerre-mondiale.org/Biographies/thierrydargenlieu.htm
Général Leclerc de Hauteclocque, Maréchal de France (1902-1947)
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/569.html
Par Pierre Quatrepoint :
http://www.guerre-mondiale.org/Biographies/leclerc.htm
Pierre Messmer (né en 1916), Compagnon de la Libération
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/674.html
Hô Chi Minh (1890-1969)
http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4_Chi_Minh
Jean Cédile (1908-1984), Compagnon de la Libération, Commissaire de la République, qui fit relâcher des Viêt-minhs des plus violents, qui en profitèrent pour massacrer les habitants de la cité Héraud (nuit du 24 au 25 septembre 1945)
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/190.html
A lire :
Philippe Grandjean : " L'Indochine face au Japon : 1940-1945. Decoux - De Gaulle, un malentendu fatal"
Chronique de Mélisande Chauveau : "Raconte-moi la musique"
Jean-Pierre Rampal (1922-2000)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Rampal
http://www.jprampal.com
Un petit gars de Marseille, devenu l’un des plus grands flutistes du XXe siècle, dont Mélisande Chauveau nous raconte la jeunesse en
réussissant pour sa part la performance de conserver d’un bout à l’autre de l’émission l’accent de Manon.
Jean-Pierre aurait pu devenir médecin, ou peintre, mais voilà, il voulait faire comme papa, être flutiste. Or, il manquait justement un élève dans la classe de musique dont papa avait la
charge...
Le chant sacré des Bretons
Louis Mélennec de Beyre, médecin, juriste, chanteur lyrique
http://www.melennec-bretagne-europe.org/contact.html
CD "Chants Religieux et Traditionnels Bretons"
Louis Mélennec de Beyre, baryton
Lorenzo Cipriani orgue
http://www.coop-breizh.com/vitrine/fiche.asp?pid=164006
Coop Breizh Keranguen
29540 Spézet
02 98 93 83 14
Au cours de l’émission, on a entendu Louis Mélennec de Beyre interpréter :
▶ Mond davédoh (plus connu sous le titre anglais "Amazing Grace"
▶ Jésus, dis-nous de prier
▶ Minuit chrétiens
Louis Mélennec de Beyre sera présent le 11 juin à la fête de Radio Courtoisie, à la table de Lumière 101 et dédicacera le disque (sans doute bientôt épuisé, il doit en rester deux ou trois cents chez l’éditeur)
Furent évoqués (entre autres) :
Yvonne Desportes (1907-1993), Premier Grand Prix de Rome (1932)
http://www.musimem.com/prix-rome-1930-1939.htm
Henri Legay qui enseigna le chant à notre ténor breton
Ugo Ugaro, de la Scala, qui lui enseigna la technique italienne