17 novembre 2006 5 17 /11 /novembre /2006 10:45


[article rédigé par Aristote, merci à lui !]

 

présenté par Pascal Payen-Appenzeller

 

Liza-Maria Winterhalter, poétesse, comédienne

http://lizamaria.site.voila.fr

Georges Clément, conseil d'entreprise, poète

cf. LdJ Pierre Dehaye 10/3/2006

"Aux lèvres du Styx"

http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=2-8251-3688-3

 

extraits :

 

Si la fin soudain

Le matin crisse dans le bois gelé,
L’air embaume la feuillaison trempée,
L’esprit aux arbres, je me crois éternel,
Et c’est l’âme en paix que je pense à elle.
Un faucon crie, le lièvre meurt,
Le silence s’emplit de peur :
Et si elle n’était plus ?
Si son teint avait flétri, son regard terni ?
Si le jour n’ornait plus son visage ébloui ?
Si son rire n’égayait plus mes jours souris ?
La dent d’effroi donnerait un sens au néant, son absence.

Les rameaux craquent de glace pesante,
Corbeaux croassent dans l’aube cassante,
La lumière troue une neige rose
Teignant l’hiver en ancolie éclose.
Je pense, donc je prie et pleure,
Et crie le dit de ma frayeur :
Et si tu n’étais plus ?
Alors, si ta main ne réchauffait plus la mienne,
Que ton souffle, la nuit, plus jamais ne revienne
Poser sur ma nuque sa tiédeur zéphyrienne,
La main d’effroi forgerait un corps au néant, ton absence.

L’allée, sous la futaie chemine et brille
De l’éclat des flaques peuplées d’aiguilles
De glace qu’un soleil d’hiver allume.
Le froid, en silence, cogne sur l’enclume.
Marteau de vie, tonne mon cœur,
Crève le tu de ma douleur :
Et si nous n’étions plus ?
Si le nous s’abîmait ? Si j’allais souffrir seul ?
Et si notre vie s’enveloppait d’un linceul ?
Si je restais là comme sur un champ les éteules ?
Un chant d’effroi dirait la geste du néant, notre absence.


Mort en été I (à Michel Fontenit, mort le 6 septembre 2005)

Du peuple vert des peupliers
La ligne d’ogives murmure
Au cœur souverain de l’été,
Taillant au ciel ses arcs d’azur.
Sur son lit de métal il meurt.
Maigre, blanc, tendu, il agonise,
Crie, râle, scande peur et douleur.
Il tend sa main qui terrorise
Le peu de ceux qui fraternisent.
C’est au cœur de l’azur que le malheur est pur.

Les arbres tremblent sur leur ligne,
La lumière d’août s’en étonne.
Des cheminées grises s’alignent,
Raies sobres dans le soir atone.
Visage gris, bouche béante,
Figure à la Francis Bacon,
Il défie la mort haletante.
Dans les lacs propres, il ânonne
Des sons informes qui désarçonnent.
C’est au cœur de l’épure que le malheur est sûr.

Dehors, les arbres du béton
Dans leurs cours tendent leur chandelle
Pour échapper à leur prison,
Dans l’espoir de toucher au ciel.
Il geint, le goutte-à-goutte soigne,
Le blanc s’agite, calme revient,
La face de l’horreur s’éloigne,
Chacun respire : c’est pour demain.
La mort, ce soir, n’a plus grand faim.
Et au creux de l’azur, c’est le malheur qui dure.


Mort en été II (à Vladimir Volkoff, mort le 14 septembre 2005)

Paris, sans la moindre cigale,
Et sans cyprès, sans oliviers,
Paris, univers sans égal,
Brûle encore du feu de l’été.
Il cesse de vivre, soudain.
Un mot de Dieu aura suffi
Pour rappeler Son écrivain.
Le Père souffle la bougie,
Impatient de l’avoir à lui.
C’est au cœur de l’azur
Que le malheur est pur.

La Seine somnole au soleil.
Un coin de bleu, entre les tours,
Simule, en la saison des treilles,
Un pur juillet qui fait l’amour.
Il a pu dire « à demain »,
Boire du vin, écrire un peu,
Sans se soucier du destin.
Grand silence... Le chien grogne, heureux.
Les fusils luisent, silencieux.
C’est au cœur de l’épure
Que le malheur est sûr.

La grande bâtisse soupire,
La rivière gargouille, la nuit
Dépasse le cap où expire,
En douze coups, le jour qui fuit.
Il s’éteint. L’heure a trépassé.
Il ne sut point l’après,
L’esprit si plein du raffut des projets
Que la mort en chaussons l’a pris
Sans qu’il ait cru perdre la vie.
C’est au creux de l’azur
Que le malheur est dur.

 

[NDLR : poèmes notés sous la dictée et donc communiqués sous toute réserve]


 

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Pascal Payen-Appenzeller vient de publier un CD-livre : "La voix de l’homme, la voix des poètes et des philosophes" (pas de trace sur la Toile). Il présentera cet ouvrage le 27 novembre 2006 de 15h à 18h30 au Théâtre du Nord-Ouest, 13 rue du Faubourg Montmartre, 75009 Paris

 

Revue "Le Coin de table" : Beauté mon beau souci (?)
Maison de Poésie
11bis, rue Ballu
75009 Paris

 

catégorie : (LdJ Pierre Dehaye)